Découvrez le charme de Villerville

Découvrez le charme de Villerville

Entre Deauville et Honfleur, la Normandie des peintres

Le rendez-vous des artistes 4'51

Si Villerville était à l'origine un village de pêcheurs, ce fut aussi dès le milieu du XIXème siècle un rendez-vous d'artistes.
Des peintres, précurseurs des impressionnistes, s'inspirèrent des paysages de Villerville et de ses environs. Daubigny, Dantan ou encore Eugène Boudin et plus récemment, au XXème siècle, Henri Turon-Lagau.
Nous pourrons également parler du gotha qui, à la Belle-époque, aimait Villerville : George V, la Reine de Naples, ou encore Alphonse XIII.
Et puis comment ne pas évoquer les personnalités de Mistinguett, Maurice Chevalier ou encore Oscar Wilde. Dans les années 60, Henri Verneuil planta les caméras de son film « Un singe en hiver », ici, au Cabaret normand, avec Gabin et Belmondo.
Et aujourd'hui encore, de nombreuses personnalités, artistes ou issues du monde des médias, apprécient le calme et la quiétude de Villerville.
Nous sommes dans un petit village. C'est un village qui a parfois, je dirais presque, un côté Amélie Poulain.
Il n'y a pas les grands immeubles de front de mer, rien de tout cela. C'est un village qui a son histoire. Il fut dans les siècles passés, la capitale du Pays d'Auge. Il y a encore les grandes familles de Villerville.
Il y a une sociabilité précise, une identité et en même temps, il n'y a absolument pas cette pression touristique qui fait qu'en dépit des côtés exceptionnels d'une ville comme Honfleur, il y a quand même un moment où la pression touristique est lourde.
Ici, ce n'est absolument pas le cas. Donc, pour toutes ces raisons, on est venu à Villerville mais de plus en plus, on se sent de Villerville.
Bien des artistes et des personnalités se sont aussi sentis villervillais. Dès le milieu du XIXème siècle, parallèlement au développement touristique de la côte normande, de nombreux artistes viennent puiser ici leur inspiration.
La plupart de ceux qui ont initié le mouvement impressionniste ont posé leur chevalet à Villerville.
Eugène Boudin, célèbre peintre d'Honfleur, qui fut le premier à peindre des marines « d'après nature » hors de son atelier, Claude Monet, Daubigny, peintre de l'eau et de la lumière
ou encore Ulysse Butin, qui participa à la décoration de l'Opéra Garnier et qui croqua sur le vif de nombreux pêcheurs villervillais.
On citera aussi Paul Jouanny, Edouard Vuillard, Raoul Dufy ou encore Henri Turon-Lagau, qui pendant 40 ans, peignit la plage, le village et les alentours.
Enfin, un très beau livre récemment publié revient sur l'oeuvre d'Edouard Dantan, qui vint peindre Villerville de 1881 à 1897.
Si des peintures représentant Villerville sont aujourd'hui dans les plus grands musées du monde, comme à l'Hermitage de Saint-Pétersbourg pour Daubigny, il n'est pas rare de continuer à croiser des peintres inspirés par ce décor unique.
Les photographes aussi aiment la lumière de cette côte fleurie, à l'image de Carole Bellaïche, célèbre photographe qui entre deux avions se ressource face à la mer.
Il y avait une sorte de mystère dans le village qui m'a complètement charmée. Avec la mer, comme ça, au bout des rues, sur la falaise...
Moi ça m'a fait penser un petit peu à Venise quand je suis arrivée. Je ne sais pas si c'est dans la mélancolie, le fait que la mer soit très présente. Je me dis que c'est drôle, parce que c'est un paysage qui n'a pas changé depuis des siècles ;
c'est toujours la même chose. Je comprends qu'autant de peintres soient venus peindre ici, que la Normandie ait été un endroit truffé d'artistes. C'est déroutant même à quel point le paysage est vivant.
Les écrivains aussi posent leurs valises ici, à Villerville, comme Charles Deslys ou Hector Malot, l'auteur de « Sans famille », roman dans lequel les descriptions de village rappellent fortement Villerville.
Oscar Wilde séjourna ici en 1897.
Quant au romancier Patrick Grainville, prix Goncourt en 1976 pour « Les flamboyants », il a passé toute son enfance à courir dans les rues du village.
Villerville inspire aussi les musiciens. Gounod et Camille Saint Säens rendaient régulièrement visite à leur ami Gabriel Fauré qui passait ses étés ici.
Les têtes couronnées découvrent également avec bonheur le charme de Villerville comme Alphonse XIII qui se consola de son trône d'Espagne dans sa superbe villa surplombant la mer.
Et quand on ferme les yeux, on imagine encore Mistinguett, Maurice Chevalier qui lui rendait de tendres visites et chantait sur la scène du casino,
ou encore Fernand Ledoux, comédien et acteur dont on se souvient dans « Remorques »,« Les visiteurs du soir » ou « Peau d'âne ».
Et puisque l'on parle cinéma, évoquons en 1961 le tournage d' « Un singe en hiver » d'Henri Verneuil, avec Gabin et Belmondo. Les rues de la commune gardent encore en mémoire les répliques de ces deux monstres sacrés.
Peintres, auteurs, musiciens... venez vous aussi trouver l'inspiration à Villerville

Si Villerville présente l'image d'un petit village bien tranquille, ce ne fut pas toujours la cas. Tournés vers la mer, des pêcheurs, des navigateurs vivaient ici ; certains navigateurs participèrent même à la conquête du Canada. Au XVIIème siècle, comme en témoigne encore aujourd'hui, le château de Villerville, on note ici une présence nobiliaire, et plus proche de nous, à la Belle époque, de nombreux artistes parisiens firent la légende de Villerville. Remontons le cours du temps et laissons la parole à quelques habitants de Villerville, car finalement, ce sont eux qui en parlent le mieux.

Maire
Bienvenue dans notre petit village. On marie à la fois la campagne et la mer, d'où l'intérêt de venir se reposer, de flâner à Villerville et de profiter de tous les éléments de la mer en général. Il y a un sens de l'accueil, un sens du terroir très profond des villervillais qui sont de manière ancestrale des pêcheurs, donc les gens sont vraiment en osmose avec la mer, avec la pêche, avec tous ce qui concerne les joies de la mer en général.

Si la mer est indissociable de Villerville, son histoire est très ancienne puisque des outils en pierre polie ainsi que des mégalithes de plus de 2m50 de haut ont été mis à jour près de la Ferme de la Bergerie. Alors que les secteurs de Trouville ou Honfleur étaient encore recouverts par les eaux, Villerville était déjà à sec, d'où cette côte décharnée, abrupte et si particulière, où les hommes s'installèrent, profitant de la forêt en terrain de chasse et du rivage pour la pêche.
Tout naturellement, au fil des siècles, la région villervillaise devint terre de pêcheurs et de marins. Mais l'économie générée par cette production fit de Villerville un lieu dont le seigneur eut une influence considérable.

Mme Johnson
Lorsque Trouville, Deauville, Honfleur et Cabourg étaient encore sous les eaux, Villerville était déjà un village très actif de pêcheurs. Ensuite, sous Louis XIV, le seigneur de Villerville supervisait les juridictions de 27 ou 28 localités très importantes. Donc Villerville était vraiment, à ce moment là, l'importance de la région.

Villerville est une terre de navigateurs, dont bon nombre partiront à la conquête du Canada, mais surtout de pêcheurs, et ce jusque dans les années 50. Et si le nombre de pêcheurs à Villerville fut pendant très longtemps supérieur à celui de Trouville, la particularité de ce petit bourg est de ne jamais avoir eu de port, puisque la côte ne le permettait pas. Qu'à cela ne tienne… Au XVIIème siècle apparaissent les fameuses plates qui allaient faire la renommée du site. Les plates villervillaises, barques légères à fond plat tirés par les femmes sur le sable à l'aide d'un cabestan permettront pendant des siècles de pêcher hareng, soles ou turbots, sans oublier la pêche aux guideaux ou la pêche aux moules. De ce passé maritime, Villerville garde bien des souvenirs, certains illustrés par des cartes postales anciennes méritent d'être contés. En 1893, une baleine vient s'échouer sur la plage. Le propriétaire du casino, la chansonnier Simon Max l'achète, la dépèce en négociant l'huile et le lard et y installe un théâtre pouvant contenir près de 100 spectateurs. On s'arrache alors les places dans le larynx, l'estomac ou l'abdomen du Théâtre de la Baleine.
Autre anecdote qui fait partie de l'histoire de Villerville : le 23 décembre 1909, un trois-mats venu de Martinique, le St-Pierre, échoue sur la moulière de Villerville et les plus anciens en parlent encore.

Fernand Germain
C'était une époque assez inoubliable, surtout pour les parents, parce que nous, on a pas connu. On a connu que les carcasses du St Pierre. Sinon, mon père et tous ça ont connu le St Pierre s'échouer ; ils en ont profité pour prendre le rhum qui se promenait sur toute la plage. Les barriques se sont promenées un petit peu sur toute la surface de Villerville et puis ça n'a pas duré longtemps parce que les douaniers sont arrivés et puis « Halte là ! »... Sinon, toutes les caves de Villerville auraient été remplies de rhum !

À l'instar de ses voisine de la côte fleurie, Deauville, Cabourg, Honfleur ou Trouville, Villerville devient dès 1860 une petite station balnéaire réputée, lieu de prédilection des artistes de l'époque. Le bourg se dote d'un casino, d'une estacade pour les bains de mer et de superbes villas se construisent sur la falaise qui domine la mer. Des établissements hôteliers renommés accueillent les touristes de la Belle époque. Le Tout-Paris mais aussi Oscar Wilde et plus tard Winston Churchill ou encore l'Aga-Khan se presseront, entre autres, chez Mahu.
Fier de son passé, et gardant jalousement les secrets de ses charmes et de sa quiétude, Villerville est aujourd'hui une petite station balnéaire discrète qui laisse à Deauville et Honfleur leurs hordes de touristes. Ici, tout n'est que calme et volupté, luxe aussi parfois.

Entre Deauville et Honfleur, la Normandie des peintres